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Je développe, depuis deux ans, un projet de « faux concerts ». Il s’agit de performances d’une vingtaine de minutes, dans lesquelles je me mets en scène devant un public, accompagnée de mes sculptures-instruments, sur une bande sonore composée sur le logiciel Garageband.
Lors des performances, j’active les sculptures que j’ai fabriquées, en les utilisant comme des instruments et des micros. Ainsi, je fais semblant de jouer et de chanter en playback sur ma musique diffusée.

Je suis fascinée par les concerts de musique expérimentale et les DJsets. Les gens s’amassent devant une personne qui bouge des boutons ou déplacent des fils. Ils écoutent le son, mais que voient-ils? Que regarde-t-on lorsqu’on voit un concert? Que veut-on voir? Que voit-on réellement? Je n’ai jamais appris la musique. Cependant, au travers de mes performances, je me donne le droit d’être une musicienne à ma manière. Faire-semblant de faire de la musique m’aide à en faire. Cela ramène aux jeux d’enfants dans lesquels faire semblant permet d’apprendre à distinguer entre une représentation de la réalité et la réalité elle-même. J’ai d’ailleurs l’impression de faire un spectacle à mes parents lorsque je performe, mais de manière plus aboutie.
Je retrouve une excitation et une liberté d’être très agréable, et je ne suis pas la seule. Aujourd’hui on assiste à une valorisation du Lip-sync grâce au Drag et à l’application TikTok. On ressent un réel plaisir à faire-semblant de chanter.

L’installation que je mets en place pour «jouer ma musique» me permet de créer un univers esthétique de l’ordre du rebut valorisé. En effet, j’utilise principalement des matériaux pauvres (polystyrène, mousse, carton...) auxquels je donne une forme (qui se veut) organique. J’enduis ensuite ces formes avec de la peinture et des pigments. J’y ajoute quelques éléments de style électronique, par exemple des câbles électriques ou des pédales. Cela aide à renforcer l’idée que la sculpture pourrait être électronique et fonctionner réellement.

L’ambiance de la performance oscille entre humour, absurdité et poésie. En effet, lorsqu’on détourne des éléments du quotidien, cela rend les choses absurdes et crée du second degré. Notre réalité diverge, elle est remise en question.

Les spectateurs qui découvrent mes performances ne savent pas qu’il s’agit d’un faux-concert. Cela m’amuse de découvrir comment ils appréhendent mes performances. Certains se laissent emporter et décident d’y croire alors que d’autres comprennent, au bout d’un moment, que c’est faux et sont déçus. Cela soulève la question des croyances et la manière dont on les appréhende.

Pour avoir une idée plus concrète de ce que cela donne, vous pouvez voir une partie de mes performances sur ma chaîne youtube Nastassia Takvorian.

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